asut-Bulletin
Mobilität: Unterwegs in die Zukunft
Ausgabe
04/2019
Inspecteur drone

Avec ses drones qui s’infiltrent dans des lieux dangereux tels que centrales nucléaires, industries chimique, énergétique et minière, le startup Lausannois Flyability est devenu leader mondial dans le domaine de l'inspection industrielle. Interview avec le CEO Patrick Thévoz.

 

 

asut: Flyability collectionne prix et reconnaissances au point d'être devenu LE symbole de la Swiss Drone Valley: Quelles sont, selon vous, les ingrédients de ce succès?

Patrick Thévoz: Quand nous sommes entrés dans le marché, il n’existait pas encore d’autre solution technique pour ce genre d’inspection souvent très dangereuse en intérieur. Donc je pense que nous avons eu un très bon timing avec un produit qui répondait à un besoin réel d’augmenter la sécurité du personnel tout en diminuant le coût des inspections. Nous avons dès le début beaucoup travaillé avec les clients pour que notre produit ne soit pas un pur produit de laboratoire, mais corresponde à la réalité sur le terrain. 

Quels sont les défis auxquels un drone qui vole en intérieur doit faire face ?

C’est beaucoup de choses en même temps. Premièrement c’est la présence d’obstacles dans des environnements très complexes. Il faut donc soit éviter les collisions, soit faire de sorte qu’elles ne posent pas de problème à l’objet volant. En plus on ne peut pas utiliser de système GPS à l’intérieur, on vole souvent sans avoir un visuel direct sur le drone, souvent il fait sombre et il y a de la poussière. En plus, on veut regarder l’objet à inspecter de tous les côtés. Ce sont autant de défis technologiques.

Comment votre drone peut-il s’orienter sans GPS?

On a différents capteurs placés tout autour du drone qui lui permettent de « sentir » son environnement et de se stabiliser grâce à des caméras, accéléromètres, gyroscopes et baromètres notamment. Il est aujourd’hui encore essentiellement piloté à la main. Le cas d’utilisation typique c’est un endroit à l’intérieur d’une usine qui est inspecté en construisant en échafaudage ou en faisant une descente en rappel sur une corde dans une cheminée, une citerne ou à l’intérieur d’une centrale électrique. Aujourd’hui l’inspecteur va pouvoir utiliser le drone pour récolter des informations et des images beaucoup plus rapidement et en évitant le risque de chute ou d’exposition à des produits chimiques. Donc c’est souvent des personnes qui savent très bien où le robot doit aller et où se trouvent les points critiques et qui vont le piloter manuellement. Pour avoir un robot complètement autonome à l’intérieur il faudra encore quelques années. On y travaille.

Comment le drone communique-t-il avec le pilote?

Il y a un lien radio entre le drone et le pilote qui fonctionne très bien dans des environnements confinés. On va même utiliser le fait qu’on est à l’intérieur en exploitant les réflexions de signal. Et dès que celui-ci risque de devenir trop faible, le robot va le signaler au pilote.

La 5G apporterait-elle un plus à votre engin volant?

En tant que réseau à très haut débit la 5G apporterait un grand plus puisque une faible latence est extrêmement importante pour piloter un objet à distance. Tout décalage entre le moment où le pilote demande au drone d’effectuer un virage et le moment ou le drone tourne, rend le pilotage très difficile. La technologie 5G est donc très intéressante, mais elle est pour le moment encore limitée par la taille des réseaux et la couverture dans les endroits où nous avons besoin d’opérer nos machines. Les infrastructures industrielles se trouvent rarement dans les grands centres.

Votre idée, aurait-elle pu décoller de la même manière ailleurs?

C’est sûr que grâce à l’EPFL et des centaines d’ingénieurs brillants qui en sortent chaque année, nous avons eu accès à des talents de manière très facile. Il y a beaucoup moins de compétition en Suisse que dans des régions comme la Silicon Valley ou trouver des bons ingénieurs est devenu excessivement difficile et cher. Un autre point positif est que le marché intérieur relativement petit nous a forcé très vite à l’internationalisation.

Meilleure start-up suisse

Flyability vient de remporter le TOP 100 Swiss Startup Award 2019.  Fondée en 2014 par Patrick Thévoz et Adrien Briod, la spin-off de l’EPFL a conçu des drones capables de réaliser des inspections d’intérieur en s’infiltrant dans les endroits les plus difficiles d’accès ce qui permet d’éviter les coûts liés à l’immobilisation des infrastructures et de réduire le risque d’accidents tout en assurant des résultats fiables et précis. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 80 employés et distribue ses produits dans quelque cinquante pays. Elle prévoie l’ouverture d’un bureau satellite aux Etats-Unis dans les douze prochains mois.

 

propos recueillis par Christine D'Anna-Huber
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